42 / S32 – 02/09 : vacances avec les parents ! Part 1

Nous sommes début septembre et cette semaine, gros événement : mardi 3 septembre à 22h15, mes parents arrivent à Madagascar pour deux semaines de vacances ! De quoi éclipser complètement la venue du pape, qui débarque le 6. Mince, j’espère qu’on l’a prévenu qu’il allait faire un gros flop.

J’ai prévu d’aller les accueillir à l’aéroport et, le hasard faisant bien les choses, je ne suis pas seule ! Je fais le voyage en compagnie de Yann qui rejoint des amis à Tana et se rend également en vacances à Sainte-Marie ; et de Guillem, pour qui c’est le dernier trajet à Mada, car c’est l’heure pour lui de regagner la mère patrie ! Nous quittons donc Antsirabe et le joyeux comité de départ qui s’est réuni pour les adieux, direction la capitale ! Je ne connais rien de Tana, je laisse donc les gars nous guider jusqu’au restaurant « l’Orion », très agréable et pas trop cher (pour la cuisine et Tana).

À 21h, Guillem et moi retrouvons Richard, qui sera le chauffeur-guide de mon voyage avec mes parents : il a un ÉNORME 4×4, à l’américaine, c’est la première fois que je monte dans un truc pareil ! Au début, je ne me sens pas très à l’aise, rapport à l’image, tout ça. Mais je dois le confesser : c’est confort, surtout si l’on veut vadrouiller un peu dans le pays. Et d’autant plus vu l’état de certaines routes, je m’en rendrai très vite compte. Faire venir mes parents jusqu’ici n’était pas forcément une affaire gagnée, j’aime autant que leurs lombaires ne gardent pas un souvenir du voyage trop douloureux : les trajets en taxi-brousse à la roots, on verra ça avec Aurélie en octobre !

Nous arrivons à l’aéroport vers 22h, c’est à mon tour de faire mes au-revoir à Guillem, snif ! Sa bonne humeur quasi constante et son humour mi-beauf mi-intello me manqueront, ainsi qu’à la coloc, très certainement. Il ne me reste plus qu’à attendre l’arrivée du vol de mes parents, retardé de 30 minutes… Auxquelles s’ajoutent le temps de débarquement, visa, récupération de valises : il est presque minuit lorsque je les sers enfin dans mes bras ! La doudoune impeccablement blanche de ma mère fait office de gros doigt d’honneur à mes conseils en matière de couleur de vêtement (l’île rouge, maman. ROUGE !) : ah, ces soixante-huitards, intenables.

Nous ne traînons pas, il faut encore rejoindre l’hôtel qui se trouve à l’autre bout de la ville, au sud. Nous mettons près d’une heure à y arriver mais, l’avantage, c’est que nous éviterons les bouchons de Tana demain matin. Et ça, c’est sacrément futé, car on peut vite mettre deux heures à sortir de la ville, en journée. L’excitation des retrouvailles et la perspective de notre voyage nous gardent éveillés un petit moment mais nous finissons par nous endormir.

Le lendemain matin, direction Antsirabe : je vais faire découvrir à mes parents « ma ville » et ses alentours durant quelques jours, puis nous prendrons la direction de l’est du pays. Sur la route, nous nous arrêtons à Ambatolampy et visitons un atelier où sont fabriquées les marmites de Madagascar, à partir d’aluminium recyclé. Oui, une seule sorte de marmite pour tout un pays, véridique ! Il y a quelques produits, comme ces marmites ou les bidons jaunes, qui inondent l’île. Nous arrivons dans la cour de l’atelier, il fait très chaud : le temps doux et ensoleillé en est en partie responsable, mais pas que. A l’image des fours à briques dans les rizières, plusieurs abris servent à faire fondre l’aluminium et dégagent une chaleur cuisante. Les ouvriers suent à grosses gouttes et certains sont pieds nus.

Nous entrons dans une pièce où les marmites sont fabriquées. L’aluminium fondu incandescent est versé dans une marmite déjà fabriquée, qui sert de moule. Les deux ouvriers enchaînent les gestes, mécaniques et précis. La routine, quoi. En moins de 5 minutes, la marmite est prête et ils passent déjà à la suivante. Toute miette d’aluminium qui se serait échappée par terre est récupérée, prête à être refondue : à Madagascar, rien ne se perd, tout se transforme !

Après déjeuner, nous reprenons la route. Mes parents enchaînent les questions, ma mère prend des notes très assidûment (les chiens ne font pas des chats 😉) : je les sens à fond, contents d’être là, je suis ravie ! J’ai également plaisir à partager avec eux ce que j’ai appris sur Madagascar, depuis ces quelques mois ici. Du fait de ces connaissances et de mes quelques notions de malgache, Richard m’appelle d’ailleurs vazaha zanatana : cela signifie « enfant du pays », c’est une expression qui désigne les personnes d’origine étrangère nées à Mada ou les étrangers qui résident dans le pays depuis très longtemps. Bon, je n’en suis évidemment pas une et c’est certainement pour me flatter, mais la référence me fait sourire et plaisir !

A l’occasion d’une pause pipi, Richard nous apprend une phrase très populaire : « les Malgaches ne pissent jamais seuls ». Elle fait référence à une situation assez commune sur la route : un taxi-brousse, évidemment surchargé, qui s’arrête sur le bord de l’asphalte et dont jaillissent des dizaines de personnes. Elles se dispersent rapidement, à quelques mètres du véhicule ou dans les fourrés, selon la pudeur de chacun, pour se soulager d’une envie pressante. A Mada, on joue collectif même pour pisser.

Richard nous apprend également que Madagascar était autrefois surnommée « l’Île verte », en raison de la densité de ses forêts : il déplore la multiplication, ces dernières années, des feux de forêts et de la culture sur brûlis. C’est désormais « l’Île Rouge », tant sa végétation a été ravagée. On le comprend vite, Richard est un fervent partisan de Ravalomana, qui a présidé le pays entre 2002 et 2009 et, selon lui, fait beaucoup en termes d’infrastructures et d’économie. A l’inverse, il ne cache pas vraiment son aversion pour le président actuel Rajoelina qu’il accuse, en particulier, d’avoir fait preuve de beaucoup de démagogie pour se faire élire et servir ses intérêts propres. C’est dingue, enfin, aucun politique ne fait ça… Son point de vue est relativement tranché mais Richard est ouvert à la discussion, nos échanges sont intéressants. Au cours de ce voyage, nous aurons l’occasion d’évoquer la politique avec plusieurs personnes, d’avis et d’horizons divers : cela me plaît, j’avais jusque-là peu abordé le sujet.

Qui dit route, dit aussi paysages, évidemment ! Nous contemplons les rizières et observons les agriculteurs qui commencent à labourer les terres pour la nouvelle saison de riz. Richard nous explique l’ingénieux système d’irrigation des rizières. Une multitude de canaux serpente à travers les différentes cultures et se partagent entre les habitants d’un même village : chacun se met sur un créneau horaire pour irriguer sa plantation, tout simplement ! C’est aussi l’occasion de vivre la route malgache, ses trous (et encore, la RN7 qui relie Antsirabe à Tana, c’est le caviar du réseau), les croisements avec les poids-lourds, les vélos chargés de sacs et les charrettes. Heureusement, la conduite de Richard et assurée et rassurante. En tous cas, chapeau les cyclistes, faut être serein pour faire du vélo ici : t’es franchement pas le mieux placé dans la chaîne alimentaire.

Nous arrivons à Antsirabe en fin d’après-midi. Nous posons rapidement les affaires à l’hôtel de mes parents et filons à l’asso pour une petite sensibilisation sur les enfants des rues en compagnie de Pamella et Nandrianina. Mes deux collègues sont égales à elles-mêmes en termes d’enthousiasme et de niveau sonore de rires ! La sensibilisation est, comme toujours, très intéressante : je commence à la connaître car elle se fait souvent dans la salle de réunion, là où je travaille, pour les groupes de voyageurs qui viennent visiter l’asso. Mais je ne m’en lasse pas et c’est chouette, encore une fois, de partager avec mes parents ce sujet très présent dans mon quotidien personnel et professionnel, cette année. Nous rentrons dîner au Green Park et ne tardons pas à aller nous coucher, mes parents à l’hôtel et moi à la Maison, qui est juste à côté : demain, c’est visite d’Antsirabe !

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