29 / S17 et S18 : seule avec JC, excursion à Tritriva et… A bientôt pour la saison 2 !

Une première en ce lundi : j’ai cours de malgache seule avec JC car Yann attend la visite du plombier. De là à dire qu’il a des problèmes de tuyauterie, il n’y a qu’un pas. JC semble agréablement surpris par mon niveau : il me demande, après les révisions classiques de début de cours « mais, vous avez révisé ?? ». Son incrédulité reflète le niveau d’ambition qu’il place en moi : vexant mais réaliste. Eh bien non, en fait, je sais parler 😊 ! Il est vrai que mon week-end à Ambositra m’a certainement fait un peu plus pratiquer ; mais je me rends surtout compte que le fait d’être seule et d’aller à mon rythme facilite ma prise de parole. J’en discute avec Yann et nous décidons d’alterner un cours ensemble et un cours « seul avec JC » (nouveau concept, sensations garanties).

Mardi, je rencontre le père d’Oriane qui est venu passer des vacances avec elle : gentil, à l’écoute et discret, on est aux antipodes de notre dernière visite de vazaha ! Et, pour ne rien gâcher, il me ramène la clef de mon indépendance financière : ma nouvelle CB, Hallelujah ! C’est Delphine, belle-mère par alliance et néanmoins directrice bancaire, qui la lui a faite passer : ça va se récompenser en petite bouteille de rhum arrangé, tout ça 😉. Le soir, Noro et moi nous rendons au cours de dessin : sur le trajet, j’en profite pour lui demander pourquoi, le matin même en allant au travail, une immense file de personnes faisait la queue devant la trésorerie générale. Elle m’explique que ce sont les retraités qui viennent chercher leur pension ; viendront ensuite les fonctionnaires. C’est sacrément impressionnant, des gargotes ambulantes s’installent même pour l’occasion en face du bâtiment, comme un saucisse-frites se mettrait à la sortie d’un stade de foot le dimanche midi.

A la fin du cours de dessin, en voulant sortir du bâtiment de l’Alliance française, nous nous rendons compte que nous sommes enfermés : quelqu’un a bloqué le verrou de l’extérieur. Ce qui est d’ailleurs un concept assez étrange si le but est de protéger le bâtiment du vol, puisqu’il suffit de le tourner pour l’ouvrir. Bref, encore un sujet de thèse à développer. Je garderai en tête l’image de Michel, à moitié penché dans le vide à travers la fenêtre de son atelier, qui interpelle un type à l’extérieur pour nous ouvrir : quelle vie trépidante nous menons là.

On a d’ailleurs toujours des ciels de dingue, à travers cette fameuse fenêtre !

Et ce n’est pas fini ! Jeudi, c’est quizz (tiens donc, en voilà une surprise) : cette fois, je décide d’y aller. Bien m’en a pris, puisque notre équipe (Margot, Aina, Damien, Yann, Amandine et moi) gagne ! En premier prix : le trajet en 4×4 offert pour aller passer la journée à Tritriva ce dimanche. Yann et Amandine n’étant pas là ce week-end, ils seront remplacés par Guillem et Aude, ces petits veinards.

Samedi, c’est rangement, je commence à rassembler les affaires et petits cadeaux que je vais rapporter en France. Je pars ensuite en ville en quête de derniers achats. A mon retour, j’aperçois deux gars arrêtés devant La Maison, aux côtés d’une charrette remplie de bois. Et quand je dis « remplie », j’ai dans l’idée une barquette de frites très généreusement fournie et dont la moitié déborde sur le plateau. Bref, c’est chaud. L’un m’interpelle pour les aider à pousser sur les quelques mètres de montée qu’il leur reste ; l’autre, qui paraît gêné, me fait signe que « non ». Le voisin de la gargote voisine sort pour leur prêter main forte, cela m’incite à le rejoindre à l’arrière de la charrette : sans trop de surprise, c’est hyper lourd ! Et les gros trous qui parsèment la route devant chez nous rajoutent une petite difficulté supplémentaire dont on se serait bien passé. Nous aidons les deux gars à monter sur une dizaine de mètres puis ils tournent, nous remercient et s’en vont, sur une route heureusement plus plate et moins trouée : eh ben bonne chance, messieurs.

Cette petite suée m’a mise en jambes : il est 16h30, il me reste juste assez de temps pour aller courir avant que le soleil ne se couche. Cela faisait longtemps que je ne l’avais pas fait seule : c’est bizarre, le temps parait long ! Le soir, nous commandons des pizzas. A mesure que nous engloutissons nos croûtes (au sens propre, ce n’est pas une métaphore pour désigner du cannibalisme de personnes âgées), notre motivation à aller au concert du B’Art Haingo s’éteint à petit feu. Si je dois être honnête, je crois que le plan « série-dans-mon-lit » a toujours gardé la première et unique place dans mon esprit : que voulez-vous, en ce moment, c’est l’hibernation !

A g. : un incroyable canapé d’angle motif tigré, posé devant le terrain vague devant l’asso, à vendre. Il est autant dérangeant que fascinant. A d. : coucher du soleil au parc de l’Est, rien que pour ça, le footing de fin de journée vaut le détour.

Le lendemain, dimanche, lever 7h30 : on marche sur la tête ! Je croise Oriane qui finit de préparer ses affaires pour rejoindre son papa en vadrouille. Mais avant, elle ira voter pour les élections européennes : elle m’inspire autant de respect que je ressens de la culpabilité de ne pas avoir fait les démarches pour en faire de même. A défaut, je me prépare en attendant que les autres se lèvent. Nous avons rendez-vous à 9h30 devant le Score (un petit supermarché, comme Shoprite mais en plus cher) pour le départ de notre excursion à Tritriva. Mais le temps de partir, de passer à la boulangerie et à Score acheter notre pique-nique, nous avons une bonne demi-heure de retard sur le rendez-vous : cela m’embête, ne sachant pas à quel degré de ponctualité le groupe se situe. Aude me rassure, apparemment nos compagnons de route sont toujours en retard… Lorsque nous arrivons au Score, il n’y a effectivement personne ; le temps que tout le monde arrive, nous partons finalement vers 10h30 !

Il faut dire que nous faisons une belle troupe ! En plus de Margot, Aina, Damien, Aude et moi, il y a Clarisse et Moktar, d’autres copains de la bande ; Jerem et Ranja, les patrons du B’Art Haingo ; et 4 ou 5 de leurs amis. Je monte en voiture avec Jerem, Margot et Aina : nous parlons du passé sulfureux de Jerem qui a joué comme bassiste dans un groupe de métal pendant 7 ans ! On en apprend tous les jours. Il a ensuite travaillé ici pour une association sur un projet de recyclage de plastique, avant d’apprendre une histoire de détournement de fond : ça l’a dégoûté et, parallèlement, est né le projet de monter un bar qui accueillerait des concerts, des soirées jeux ou films, des quizz… C’est chouette d’avoir l’occasion de discuter avec lui, c’est toujours plus compliqué lorsqu’il est de service au bar.

Avant de monter au lac de Tritriva, nous nous arrêtons prendre une petite citronnade chez Rémi, le Français qui a construit sa maison d’hôte dans les hauteurs du village et chez qui nous avions mangé lors de ma première rando au lac. La vue sur la vallée est toujours aussi belle ; et Rémi, toujours aussi jovial que lorsque je l’ai rencontré. A l’entrée du parc, nous entamons une âpre négociation avec les gardiens pour un tarif de groupe : normalement c’est 5000 ariarys pour les étrangers et 500 pour les Malgaches. Soit, l’argent sert à l’entretien et à la préservation de la zone. Mais ils obligent, en plus, à prendre un guide à 25.000 ariarys : en fait, on veut juste se poser, manger et se baigner 😊. Nous finissons par rentrer et, enfin, s’installer au bord du lac ! Entre pique-nique, jeux et sieste, l’après-midi est agréable. Par principe, je vais me baigner : elle est plutôt bonne pour un lac d’altitude mais les nuages ont déjà commencé à se masser autour du cratère et rafraîchissent l’air. Pour profiter au maximum de ce lac, l’idéal est vraiment d’arriver en début ou milieu de matinée. Nous repartons vers 16h30, après un tour du lac à pieds : j’ai passé une bonne partie de la journée assise, bouger un peu est loin de me faire du mal !

Ma 18ème semaine, dernière du mois de mai, commence studieusement. D’autant qu’en ce lundi, férié pour les élections des députés, j’ai décidé de travailler. Pas par excès de zèle, calmons-nous, mais pour boucler ce que j’ai à faire avant la fin de semaine : eh oui, car lundi prochain, c’est retour en France pour 2 semaines et demi !

Mal du pays inguérissable ? Chichi inflammatoire ? Besoin irrépressible de dépenser quelques centaines d’euros d’un coup ? Rien de tout cela 😊. Avant même de connaître l’existence de Grandira et donc d’envisager cette folle expérience de Madagascar, ma mère et moi avions prévu un évènement particulier : 2019 marque l’année de ses 70 ans et celui de mes 30 ans. C’est donc le week-end du 15 juin que nous allons célébrer nos 100 ans, entourées de famille et amis ! Bien sûr, pas question d’annuler cette fête dont le concept ne risque pas de se présenter à nouveau ; et, même si je me sens très bien dans ma nouvelle vie malgache, je me fais évidemment une grande joie de revoir tout le monde !

Une bonne raison, donc, pour me lever à 6h30 et me mettre à travailler au RP un peu avant 8h. A 16h30, Margot et moi nous motivons, après une belle averse, à aller courir. Elle m’emmène faire une nouvelle boucle qu’elle a découverte, qui serpente à travers villages et campagnes. Le parcours vallonné et les paysages sont à couper le souffle, dans les deux sens du terme. Elle va me faire crever.

Le reste de la semaine se poursuit de la même manière, plutôt studieusement, sur un rythme marmite : mi marmotte, mi ermite. Je me lève tôt, je me couche tôt et cela me convient bien, à mesure que l’hiver s’installe. D’autant qu’une bonne partie des habitants de La Maison est en vacances : avec le lundi et le jeudi (Ascension) fériés, il est en effet plus que tentant de combler les trous pour partir vadrouiller !

Jeudi matin, je prends mon premier cours de malgache en individuel : toute seule avec JC dès 8h du matin, c’est un peu violent ! C’est un enchaînement de questions qui m’attend pendant une heure, ce mec m’épuise. Mais, c’est indéniable, je sens que cela me fait du bien d’être toute seule, de pouvoir parler davantage et à mon rythme. Je reste ensuite travailler à La Maison, en ce nouveau jour férié, d’autant que j’ai rendez-vous avec Lucia à midi. Elle doit m’apporter des tee-shirts que je vais ramener à mes deux petits neveux, en France, pour leur anniversaire : j’ai vu un peu large sur la taille mais j’adore, j’espère que les parents aimeront ! (photo)

Wax from Sabotsy, design from myself (et Pinterest. Enfin, Pinterest et moi. Pinterest.)

Je finis la journée par 5 tours du parc de l’Est : 52 minutes de course ! Lorsque je cours seule, je mets de la musique, chose que je ne fais pas systématiquement en France : pas trop forte, elle me permet de rester dans ma bulle si je n’ai pas envie de répondre aux « sollicitations externes » ; mais je peux toutefois entendre ce qu’il se passe et réagir si je le souhaite. Moi qui ai toujours considéré que mettre des écouteurs « coupe » du monde extérieur, j’ai l’impression qu’ici, cela me fait l’effet inverse : je peux me retrancher derrière eux, prétendre ne pas avoir entendu, ils me servent de rempart contre des interactions que je n’ai pas envie d’avoir. Du coup, cela me libère et j’ose à nouveau croiser le regard des gens. Et des hommes, en particulier. Ce n’est pas ce qu’il y a de plus satisfaisant, mais c’est ma solution, pour l’instant.

Je réfléchis aussi à mes envies et projets, lorsque je reviendrai de France pour la « saison 2 ». Par exemple, venir au Parc de l’Est non pour courir mais pour m’y asseoir, un après-midi ; y écrire, dessiner, écouter de la musique, regarder les gens. J’aimerais aussi passer plus de temps au CHT avec les enfants, en assistant de temps en temps à leurs cours de dessin ou de musique (quitte à ne garder qu’un seul cours de malgache par semaine : mais en individuel, c’est double dose 😉). J’ai aussi envie de commencer à anticiper l’année prochaine, en envoyant mon CV par ci, par là, dans de chouettes endroits : pas par nécessité, mais parce que ce qu’ils me donnent vraiment envie de travailler pour eux. Et c’est sans compter les deux grandes visites qui m’attendent : mes parents, au mois de septembre ; et Aurélie, mon binôme de voyage, en octobre. Au programme ? Ben vous verrez bien, bande de fouines.

Ce sont sur ces chouettes projections pour la deuxième partie d’année que s’achève la semaine.

Je fais quelques derniers achats de cadeaux le dimanche matin, accompagnée de Piment qui me suit, littéralement, comme un petit chien à travers la ville. Je boucle mes affaires puis Damien, Anaïs et moi nous rendons à la boulangerie Mirana prendre un café, avant mon taxi pour Tana. France, me voilà de retour pour deux semaines ! Je compte aussi en profiter pour faire une petite pause syndicale dans ma narration (et me mettre à jour !). Même si les choses ne sont pas toujours évidentes à formuler, dans ma tête et par les mots, j’adore écrire sur mes découvertes et questionnements. Bon, j’adore écrire tout court. J’aime aussi être lue et que cela plaise, on ne va pas se mentir. Mais je sens aussi que tenir le rythme me stresse un peu ces derniers temps. Et je n’ai surtout pas envie que cela prenne le pas sur mon plaisir d’écrire ou sur mon quotidien à Mada. Alors salut, on se voit à mon retour au pays des zébus !

Les ciels de Mada, on ne s’en lasse pas…

Une réflexion au sujet de « 29 / S17 et S18 : seule avec JC, excursion à Tritriva et… A bientôt pour la saison 2 ! »

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