34 / S24 et S25 – 08 et 15/07 : premiers cours de djembé et retour vers le futur aux Thermes

L’air est bien vif en ce lundi matin 8 juillet, mais l’ambiance générale porte la chaleur de la victoire, alors que je marche sur l’avenue de l’Indépendance jusqu’au CHT. A l’asso aussi, tout le monde se salue à coup de « Alefa » et de larges sourires : la ville (et certainement le pays) est plongée dans une douce euphorie, qui durera au moins jusqu’à jeudi, jour du prochain match pour l’équipe des zébus.

« Aiza izahay izay (ze) resy eo », un des cris de guerre des supporters des Bareas ! Nandrianina nous l’a écrit sur le sol, devant l’asso et l’a traduit ainsi : « où sont ceux qui nous disaient vaincus ? »

Ce midi, comme annoncé previously, c’est mon premier cours de djembé ! Avoir vu les enfants répéter jeudi dernier et jouer le samedi m’a donné très envie d’essayer (enfin, j’en ai déjà fait, mais jamais pris de cours). Je rejoins Noro (à prononcer « Nour », avec le « r » roulé) au premier étage, nous nous installons dans la salle informatique, juste à côté de la cuisine et de la salle à manger : nos performances musicales vont animer le repas de nos collègues, ces petits veinards. Nous sommes rejointes par Tiavina, qui est la femme de Tantely, l’un des professeurs de djembé des enfants : elle-même enseigne le doux art de la percussion. Enfin, « doux »…

Noro a déjà quelques cours d’avance, j’espère m’adapter rapidement à son niveau. Nous commençons par de petits enchaînements de base, plutôt simples. Au niveau du rythme, déjà, ça va : ouf, cela me semble le plus important ! Nous apprenons les différents types de frappés : celui qui fait un bruit sourd lorsque l’on fait rebondir la main au milieu de l’instrument ; celui qui fait un son plus clair lorsque l’on claque sa tranche. Et c’est bien celui-là qui, je le sens, va me poser problème ! Au bout d’une heure, j’ai les « coussinets » de la main (la partie entre la paume et les doigts, ce n’est certainement pas très académique comme description, mais je suis sûre que vous voyez) DÉ-FON-CÉS : j’ai très hâte de voir la couleur que cela prendra, dans quelques jours ! À part cela, c’était vraiment très chouette, j’ai bien l’intention de continuer.

Les jours suivants me confirment que je me suis montrée TRÈS enthousiaste sur l’instrument : sur la main gauche en particulier, un gros hématome s’est formé et vire au noir/vert. On dirait que je me suis battue. En frappant avec mes coussinets de paumes, tel un chaton de 6 semaines pas content du tout : ça fait moins sérieux, d’un coup. Il va falloir que mes patounes fragiles s’endurcissent !

Jean-Michel Knacki fingers

Jeudi, c’est le moment de la semaine tant attendu par tout le monde : le match des Bareas contre la Tunisie ! Comme d’habitude, nous nous rendons au Vaki pour le regarder, accompagnés de quelques collègues de l’asso, comme Pamella, Nandrianina, Claire et Noro. Bon, je ne m’étendrai pas autant dans la narration que pour le précédent, d’une part parce qu’il y a des gens chez SoFoot qui le font bien mieux que moi. Pas de panne de courant, cette fois-ci : j’imagine aisément Naresh pomper les réserves en fuel de la commune d’Antsirabe. Au cas où.

D’autre part, nous assistons à un match bien plus tristounet que la dernière fois : les verts s’inclinent 4-1 face à la Tunisie. Certains supporters, amers, quittent la terrasse avant même le coup de sifflet final. Ce que je retiens néanmoins, c’est qu’à une grande déception ambiante s’ajoute tout de même fierté et joie : celles d’être arrivé à ce niveau du tournoi. Certains Malgaches avec qui j’en discute, de notre groupe ou de l’asso, ont été profondément marqués par cette ferveur collective, ils n’en reviennent pas : « tout le peuple uni autour d’un même sujet, on n’a jamais vu ça ! ».

Photo d’équipe à l’asso, avant le match !

La semaine suivante : deuxième cours de djembé ! Comme avec les abdos, c’est le lendemain le plus dur : j’ai toujours mal aux mains de la semaine dernière ! Tiavina me dit que c’est normal, qu’elle aussi a eu mal au même endroit à ses débuts mais que cela va s’endurcir ; et apparemment, j’ai le rythme, j’en suis ravie !

Mardi, nous n’avons toujours pas dessin, je commence à croire que Michou a été fait prisonnier politique à Tana. À la place, un programme funky comme tout : opération « Blattes Block », comme dit Oriane. Objectif : libérer notre cuisine placée en zone d’occupation blatte. Nous avons répondu à l’appel des ingénieurs qui, récemment arrivés, ne sont pas encore habitués, comme nous, à voir l’ennemi fièrement défiler entre les assiettes et les verres. Cette humiliation quotidienne n’a que trop duré. Vive la cuisine libre.

Nous décidons d’enlever toute la vaisselle de la cuisine pour faire le maximum de victimes (et ne pas manger du riz à l’insecticide, par la suite, bien vu). L’assaut est lancé, ça gaze de partout, nous nous protégeons tant bien que mal derrière des foulards attachés autour de nos visages. Nos maquisards d’ingés s’attaquent aux bases ennemies en démontant les étagères et les prises qui leur servent de repères : affolées, les crapules à pattes s’en échappent par dizaines. Vidés de toute émotion, nous les abattons froidement. Oriane et moi nettoyons les étagères constellées de centaines d’œufs… C’est fort dégueu. J’aimerais parler de génocide mais je n’aurai pas cette prétention, je sais qu’elles reviendront bien vite #problèmededictateur. Le résultat est tout de même satisfaisant. Tout cela nous prend bien deux bonnes heures et, à la fin de l’opération : plus de vaisselle, plus moyen de cuisiner… Mince, on est obligé de commander des pizzas.

A g. : notre régiment déployé, tandis que je fais la reporter de guerre (et me prends un bon gros shoot d’oxygène, pas mal cette came). A d. : Oriane, la « nettoyeuse ».

Mercredi, Margot et moi allons courir et empruntons l’un de nos itinéraires habituels : la « boucle de Miranatsiky » (à prononcer « miranatsique », c’est un quartier d’Antsirabe). Je mets ma montre GPS, ramenée de France : j’étais dubitative sur le fait qu’elle fonctionne, à tort, je capte même plus rapidement le signal que lorsque je sortais courir à Bordeaux l’année dernière ! Bilan : je cours à peu près dans les mêmes temps qu’en France. Bon, le fait d’être accompagnée de Margot m’aide peut-être à aller un peu plus vite mais si on prend en compte le dénivelé changeant et les 1500 mètres d’altitude d’Antsirabe, c’est plutôt encourageant ! Nous nous faisons la réflexion, en chemin, que le nombre de parties de foot, d’enfants comme d’adultes, a considérablement augmenté : le vent de la CAN continue de souffler sur les plaines d’Antsirabe !

De retour à La Maison, nous entamons le « plank challenge » ou « défi de la planche », dans la langue de Momo. L’un de ces innombrables challenges d’été qui te promettent un top body de dingo au bout de 30 jours alors qu’il est déjà bien trop tard. Je suis à peu près aussi pessimiste quant à l’évolution de la fermeté de mon ventre, dans les années à venir, que sur celle de la banquise : à la différence près que la fonte de mon gras, contrairement à celle des glaciers, ne dépend pas des humeurs d’un créationniste raciste hystéro-tweet. L’espoir est permis ! J1, c’est 20 secondes de gainage, on commence facile : au bout de 30 jours, je suis censée tenir 300 secondes… Hmm, on en reparle sur Twitter.

Quelques photos dans le quartier : avec le drapeau, la gargote de la rue où on achète les bières 🙂 En haut, une maison de la rue et son joli bordel de plantes. En bas, la gargote juste à côté de la maison, pour les petites courses quotidiennes. Un Monop’ sans les blagues sur les emballages. Sans les emballages non plus, d’ailleurs.

Samedi, Oriane, Aude, Guillem, Justine et moi nous rendons aux Thermes. Pas l’hôtel des Thermes où nous sommes déjà allés pour piquer une tête dans la piscine ou jouer au tennis ; mais aux « vraies » thermes d’Antsirabe. Eh oui car, au-delà d’être la ville des pousse-pousse, Antsirabe fut aussi surnommée la « Vichy malgache ». Dès l’époque coloniale, Français et Norvégiens découvrent que la région possède d’abondantes réserves d’eau riches en sels minéraux. C’est à partir de la seconde guerre mondiale que la ville devient une destination prisée des Européens et habitants des colonies françaises de l’Océan Indien, qui viennent y faire des cures thermales. D’ailleurs, fun fact (et en voilà une sacrée poilade qui vous attend) : pendant la guerre, Madagascar a failli être divisée, comme la France, entre zone libre et zone occupée. Cette dernière aurait eu pour capitale Antsirabe, la copine thermale de Vichy, hilarant non ? Ni le Routard ni internet ne m’en divulguent la raison mais, finalement, cela ne se fait pas. Enfin, quelle tranche de rire.

Nous pénétrons les lieux, c’est ambiance OSS 117 ! On sent que les bâtiments, aujourd’hui bien décrépis, devaient être à la pointe de la modernité à l’époque coloniale. Aujourd’hui, les peintures sont écaillées en plus d’être désuètes, les murs fissurés et pas mal de traces de calcaire sont visibles çà et là. Mais cela n’enlève pas son charme à l’endroit, au contraire : dehors, les traces de la colonisation !

A g. : une jolie fontaine de calcaire à la forme évocatrice. A d. : une poubelle publique, objet de collection ! Faite à partir d’un bidon coupé : tout n’est pas tip top niveau écologie mais, y’a pas à dire, les Malgaches sont les champions de la récup’.

Nous prenons le petit forfait « gommage + massage + jacuzzi ». Tandis qu’Aude et Justine filent au massage, Oriane, Guillem et moi commençons par le gommage. Je m’y jette en première. Je me mets en maillot (brr, fait froid) : la dame qui va me gommer me fait m’allonger sur ce qui ressemble à un lit d’examen, chez le médecin. Au-dessus du lit est accrochée une suspension dotée de 3 pommeaux de douche qui crachent de l’eau chaude. Surprenante et pas très sexy comme installation, j’ai l’impression que je vais prendre ma douche dans les vestiaires collectifs d’un gymnase de lycée ; mais il ne fait pas bien chaud dehors, je ne crache pas sur l’eau chaude ! Et vu qu’elle me tombe dessus, c’est pas plus con, si on y réfléchit bien.

Comme chez le coiffeur quand il te fait le shampoing, je n’ose pas dire que c’est un chouilla chaud (honnêtement, quel sociopathe fait cela ?). Ma « gommeuse » me demande si la température est bonne… Allez, je respire un bon coup et je me confesse. Grossière erreur ! Elle demande à sa collègue de baisser un peu la température, l’eau devient glaciale ! C’est bon pour la peau d’orange, comme diraient les scientifiques de chez Biba. Sauf que là, je vais bientôt me changer en bouteille de Tropicana 5 agrumes : remontez-moi cette température, par pitié ! A part cette légère anicroche, le gommage est… vivifiant ! La dame frotte vigoureusement, pas de doute, il va faire effet. Et il sent bon le chocolat 😊. Je cède ma place à Oriane, puis Guillem et nous nous rendons ensuite au massage.

Oriane et moi sommes dans la même salle, nos couchettes de massage se font face : je sens que ça va être drôle. J’ai un maillot de bain une pièce, ma masseuse me demande si cela me dérange de le baisser jusque sous le nombril, voire de l’enlever. Ben, on est entre nous… Alors j’enlève ! Du coup Oriane, qui entre après moi, fait pareil, croyant que c’est obligatoire ! Nous nous retrouvons donc allongées face à face, chacune sur son banc de massage, cul nus : c’est cocasse.

A l’image du gommage, le massage est plutôt tonique : pas de temps à perdre et pas de risque de s’endormir ! Mais c’est agréable. Nous rejoignons Justine et Aude et finissons par un peu de douceur : le jacuzzi. Gourmands que nous sommes, nous avons négocié 30 minutes au lieu de 15, contre une petite rallonge d’ariarys. Nous nous installons dans la vasque, tandis qu’elle se remplit. Nous ne découvrons que peu après, tandis que l’eau monte, le petit cadeau laissé par le groupe qui est passé avant nous : des miettes de leurs viennoiseries dansent joyeusement à la surface de l’eau. Sympa les gars, non vraiment c’est chouette de penser aux copains. Alors que l’eau prend rapidement une couleur grise et trouble, nous essayons de faire abstraction que nous marinons dans notre propre crasse : 15 minutes, c’était peut-être assez, finalement !

Nous sommes les derniers à sortir : c’était une chouette expérience ! Rien que pour l’aspect totalement anachronique du lieu. Et pour le jacuzzi, la prochaine fois, on se forcera à passer sous la douche froide avant de rentrer dedans… et on vérifiera le fond avant qu’il ne se remplisse !

Encore des photos, par ci par là. « Garage mon espoir » : c’est brillant.

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